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Stéphanie S.

Néfertari, Grande épouse royale.


Néfertari Meryenmout (« La plus belle de toutes, aimée de Mout ») est la plus fameuse des huit épouses de Ramsès II (v. 1279-v. 1213 av. J.-C.).

Ramsès II aurait, à l'âge de seize ans, épousé Néfertari, quant à elle âgée de quatorze ans, pendant la corégence avec son père Séthi Ier à Memphis. Elle fut toujours l'épouse préférée de Ramsès, bien que celui-ci eût avec Isetnofret un fils, Mérenptah, qui deviendra pharaon.

Néfertari a été une figure importante de cette époque. Elle a eu une grande influence sur le monarque qui tint compte de ses remarques et de ses conseils. Elle le seconda dans toutes les fonctions royales et religieuses en tant qu'« Épouse du Dieu ».

Elle est connue également pour le petit temple d'Abou Simbel qu'il lui est consacré ainsi que sa magnifique tombe de la Vallée des Reines.

En 1255 av. J.-C. la grande épouse royale de Ramsès II, décède. Elle est enterrée dans la tombe aménagée à son intention dans la Vallée des Reines. Mais sa sépulture est pillée sept ans plus tard.

En 1904, l’archéologue italien et directeur du Musée égyptien de Turin, Ernesto Schiaparelli, découvre le tombeau de Néfertari en suivant la piste que lui a indiquée un pilleur de tombes. Lorsqu'il pénétra dans l’édifice, il ne trouva que des éléments épars, des oushebtis (statuettes funéraires), quelques bijoux et des fragments de meubles. La tombe avait été depuis longtemps pillée. Mais la beauté des peintures murales suscita immédiatement l’enthousiasme du public.

En 1986, après la fermeture de la tombe dans les années 1950, est lancé un ambitieux projet de restauration, financé par l’Institut Getty et mené par des restaurateurs italiens et égyptiens.

Enfin en 1995, après sa restauration, la tombe de Néfertari ouvre au public puis ferme définitivement en 2003, à cause des dégâts que l’humidité recommence à produire sur les peintures.

Le Projet Néfertari : en 1986, l’Organisation des antiquités égyptiennes parvint à un accord avec l’Institut Getty de Los Angeles pour assurer la préservation des peintures de la tombe. Le projet, qui demanda une année d’études approfondies sur la géologie, l’hydrologie, le climat, la microbiologie  et la microflore de la tombe, fut lancé la même année sous la direction d’Ahmed Kadry et de Luis Monreal.
 

C'est sous le règne de Ramsès Ier (v.1295-v.1294 av. J.-C.) que les reines commencèrent à bénéficier de tombeaux aménagés (et non de simples tombes à puits), situés au sein d’une nécropole spécifique.

La Vallée des Reines accueillit ainsi les sépultures d’une centaine d’épouses royales,mais aussi de princes et, peut-être, de particuliers de haut rang.

Un grand nombre de ces tombes étaient de facture médiocre ou demeurèrent inachevées.

Comment expliquer dans ce contexte que la première épouse de Ramsès II ait bénéficié d’un ensemble funéraire de cette qualité ?

L’amour qu’aurait éprouvé le pharaon pour sa femme est une explication qui ne manque pas de romantisme,mais qui se révèle, pour l’historien, difficile à vérifier.

Si les inscriptions relatives à Néfertari abondent en épithètes amoureuses–«douce d’amour», «belle d’aspect»,«pleine de charmes»–et incitent à croire que Ramsès II était profondément épris de sa femme, il convient toutefois de faire remarquer qu’une partie d’entre elles proviennent de la tombe de la reine, où, et c’est là un fait essentiel, le souverain ne figure nulle part !

En réalité, ce que nous savons de la biographie de Néfertari évoque davantage la femme de pouvoir que l’amoureuse éperdue. Le fait qu’elle soit native d’Akhmim, cité importante du nord de la Haute-Égypte, qui contrôlait à la fois le Nil et l’accès au désert occidental, est révélateur.

Cette ville avait en effet déjà donné une grande reine à l’Égypte en la personne de Tiy, épouse d’Amenhotep III (v.1391-v.1353 av. J.-C.), fille d’une puissante famille locale, mais aussi le pharaon Ay (v.1346-1343 av. J.-C.), successeur de Toutankhamon,qui solda la crise politique ouverte par le règne d’Akhenaton.

Néfertari demeura tout au long de sa vie fortement liée à sa ville d’origine. Ainsi, le pylône du temple funéraire de Ramsès II a conservé une représentation de la fête du dieu Min le dieu local d’Akhmim.

La reine fut aussi associée à la politique étrangère de la monarchie.

Une tablette cunéiforme découverte à Bogazköy, en Turquie, où se trouvait la capitale du royaume hittite, témoigne ainsi de la correspondance que Néfertari entretenait avec la reine Poudoukhep, épouse du roi hittite Hattousili III.

On y voit les épouses des deux plus puissants monarques de l’époque échanger, outre des amabilités appuyées, bijoux et objets en or.

Mais c’est à Abou-Simbel, face au temple semi-troglodytique qui lui fut consacré, que la puissance de Néfertari est la plus manifeste.

À droite du grand temple dédié à Ramsès II se dresse en effet un édifice dédié au culte de la reine assimilée à la déesse Hathor.

L’accès au sanctuaire est gardé par une série de statues colossales dont la majesté n’a rien à envier aux colosses royaux qui se dressent non loin de là.

Le temple et la tombe témoignent ainsi des capacités politiques d’une reine sur laquelle Ramsès II, homme du Nord, issu d’une famille de militaires,sut s’appuyer pour imposer son emprise sur la Haute-Égypte. Installé dans sa capitale Pi-Ramsès (aujourd’hui Qantir), dans le delta oriental, Ramsès II avait besoin de l’appui des grandes familles patriciennes du Sud dont sa femme était issue.

Outre un amour dont on ne peut que supposer l’existence, c’est bien cela que lui apporta la belle Néfertari d’Akhmim.

* Source : Histoire et Civilisations n°14 - Février 2016

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