Jardin dans la Tombe de Nebamon
- Stéphanie S.
- 17 mars 2020
- 3 min de lecture

Cette peinture murale conservée au BRITISH MUSEUM appartient à la tombe de NEBAMON, régisseur de l'épouse royale de THOUTMÔSIS IV (1479-1425), NEBETOU.
Cette fresque est certainement l'une des première représentation d'un jardin clos.
Au centre un bassin aux lotus rempli de poissons et de canards. Atour des alignements de palmiers dattier, sycomores, grenadiers et autres arbres fruitiers donnent une première image du paradis, symboles de l'ordre, de la fertilité et de l'abondance.
Le jardin clos est une figure classique des jardins orientaux, ceints de murs en pisé et plantés de vergers, ces jardins du paradis sont souvent situées au milieu de parcelles agricoles irriguées.
Le jardin de Nebamon est représenté par l'artiste de façon à rendre compte le plus possible de sa réalité. L'artiste ne cherche pas à faire une oeuvre purement esthétique: il doit conserver de manière fidèle ce qui constituait la vie du défunt donc il fait figurer tous les éléments qui se trouvent dans le jardin terrestre de Nebamon.
Il représente de manière méthodique le jardin et son bassin et tout est encore parfaitement discernable. Les couleurs ont un peu passé. Les arbres ont perdu leur teinte initiale mais leur forme permet de reconnaître leur espèce. L'artiste a représenté le bassin vu d'en haut. Dans le plan d'eau les carpes sont montrées de profil car cela permet leur identification. Les oies et les canards qui barbotent au dessus des poissons sont aussi vus de profil. L'eau du bassin a conservé son bleu transparent, les vagues traitées à l'aide d'un pigment bleu foncé semblent avoir un peu noirci. Sur le plan d'eau apparaît une des plantes emblématiques de la Haute Egypte et qui est ici hautement symbolique: la fleur de lotus.
Blanche ou bleue, cette fleur, présente en abondance dans l'iconographie égyptienne, symbolise la première apparition de la vie et son renouvellement. Elle est associée au culte funéraire car elle s'ouvre chaque jour au soleil. Un parterre de fleurs court tout autour de la pièce d'eau: on peut noter la rigueur géométrique de son tracé. Les fleurs et les plantes sont caractéristiques de l'Egypte antique: Le papyrus est le plus représenté dans cette peinture. Plante sacrée du Nil elle a une fonction religieuse car elle symbolise la régénération et la vie et elle permet aussi la fabrication du papier.
D'autres plantes fleuries composent ce parterre, sans doutes des mandragores et des bleuets. On peut noter le rythme harmonieux de la représentation.
Autre rythme, celui des arbres dont les volumes sont rabattus autour des espaces rectangulaires du bassin et du parterre. L'artiste ne s'est bien sûr pas soucié de la perspective et les troncs des arbres du haut et de la partie gauche de la peinture reposent sur la bordure claire cernée de brun du parterre. Ceux du bas de l'image voient leur cime effleurer la bordure.
Tous les arbres sont chargés de fruits nourrissants montrés à différents moments de leur croissance: figuiers, sycomores, palmiers dattiers, doum et argoun, jujubiers et pistachiers alternent leurs feuillages et leurs palmes.
En haut à droite de l'image une servante, ou une déesse, car elle émerge d'un arbre telle la déesse du sycomore, offre des figues et une jarre, sans doute de vin, au défunt. Il semblerait que l'artiste ait voulu la peindre avec une peau foncée, presque rouge, et qu'il ait ensuite appliqué du jaune par dessus. Les paniers regorgent de figues charnues. Au dessus de la figure féminine un hiéroglyphe du discours de bienvenue à Nebamon a été endommagé et n'est plus lisible. Tout en haut, à gauche, l'artiste prête des paroles au sycomore"au maître du jardin".
Ce que nous dit cette image des jardins cultivés en Egypte, 1400 ans avant JC, est très proche de ce que nous savons des jardins de Méditerranée, jardins hérités de ces lointains ancêtres et de leur antique tradition.
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