En février 1859 furent découverts dans une tombe la momie et le trésor de la reine Aah-Hotep dans une banlieue de Thèbes.
Cette découverte fut le fruit de l’équipe d'Auguste Mariette mais le gouverneur de la Province qui assistait, comme cela était d’usage, aux fouilles se saisit du sarcophage qui contenait, outre le corps de la reine un véritable trésor d’objets précieux et de bijoux. Il jeta la momie dans le Nil, prit une part du trésor et décida d’envoyer le reste au vice-roi.
Auguste Mariette, mis au courant, intervint énergiquement auprès du vice-roi pour intercepter le convoi et récupérer le trésor ou du moins ce qu’il en restait afin de l’acheminer dans le musée qu’il était en train de constituer à Boulaq. Ce qui fut fait. Au passage le vice-roi Saïd Pacha se servit.
Or les bijoux de la reine Aah-Hotep font partie des objets égyptiens choisis par Mariette pour figurer à l’Exposition Universelle de Paris. Ce sont de magnifiques bijoux en particulier un collier agrémenté d’adorables mouches en or. L’impératrice Eugénie les a tout de suite remarqués. Elle presse Ismaïl Pacha de les lui offrir. Ismaïl Pacha n’hésite pas longtemps… Comme prévu il cède mais il faut quant même en avertir Auguste Mariette. Or voila que Mariette refuse : cela est contraire à sa politique de conservation des objets égyptiens dans leur pays d’origine. Pour le caprice d’une femme, fut-elle Impératrice, faut-il mettre en péril la constitution d’un musée des antiquités égyptiennes au Caire ? A. Mariette est convaincant. Ismaïl s’incline. Les vœux de l’Impératrice ne sont pas satisfaits.
Décidemment ce bougon de Mariette a gagné. On comprend qu’il n’ait pas eu en France la reconnaissance qu’il méritait : pas de poste au Louvre qu’il a pourtant contribué à enrichir en objets égyptiens, pas de chaire au collège de France. De toute façon A. Mariette s’en moque. Il a décidé de vivre en Egypte dans son cher musée, il y mourra d’ailleurs en 1888. Conserver les objets antiques dans leur pays d’origine sera la politique intransigeante d’A. Mariette dès qu’il est chargé officiellement en 1858 de la Direction des Antiquités Egyptiennes.
Source : Histoire de l’Egyptologie : 1802-1860 par Jean-Paul SENAC
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