Snéfrou a régné près de 24 ans (2575-2551 av. J.-C.).
Fils d’Houni (2599-2575 av. J.-C.) et de la reine Méresânkh I, il a achevé la pyramide de son père à Meidoum et fit construire plusieurs pyramides dont deux à Dahchour.
La pyramide de Seilah dans le Fayoum lui est également attribuée.
Son règne voit la transformation du dieu Horus en dieu dynastique, alors que Gizeh devient la nécropole royale. Snéfrou est souvent évoqué comme un grand pharaon, humain et aimable.
Sous son règne, il réorganise la structure administrative du pays.
Depuis le début de l’Ancien Empire (2647-2151 av. J.-C.), le pays s’est, en effet, divisé en nomes. A la fin de l’Ancien Empire, on compte 38 zones, un nombre qui passera à 42 à l’époque romaine.
Snéfrou crée la charge de vizir, bien que la fonction ait déjà existé depuis quelque temps. Le vizir était chargé d’administrer le pays au nom du roi et de recenser le bétail. La presque totalité des hauts fonctionnaires était des nobles de la cour ou des membres de la famille royale.
C’est aussi avec lui que la momification des rois, de leurs familles et des dignitaires s’est élargie. Le « bon roi », bâtisseur de pyramides, fut un modèle à suivre pour ses successeurs, dont le premier fut le fameux Khéops.
C’est en effet sous Snefrou que l’on passa d’un empilement de structures rectangulaires de plus en plus petites, comme c’est le cas dans la pyramide à degrés, à la réalisation d’un solide pyramidal de base carrée, aux proportions cyclopéennes.
Cette transformation de la forme des tombes royales entraîna tout naturellement son lot de tâtonnements et de ratages. Des errements dont témoignent les trois pyramides qui se dressent toujours à Dahchour et à Meidoum, respectivement à 25 et 60 kilomètres au sud du Caire.
MEIDOUM, L'ESSAI RATÉ
Énorme tour surgissant d’un chaos de pierres, la pyramide de Meidoum apparaît, saisissante, au détour de la route qui conduit du Caire au Fayoum, comme si, remontant des entrailles de la terre, la pyramide à degrés avait perforé la surface du sol en sortant d’un cratère. À l’origine, il s’agissait d’un édifice très proche de celui bâti par Djéser à Saqqarah, à la différence près qu’il comportait non pas six, mais sept ou huit degrés.
C’est sur cette matrice que furent réalisées les premières tentatives de lissage des faces. Les maçons s’employèrent alors à combler les « marches » en agençant des blocs de pierre, avant de procéder à la pose d’un appareil extérieur de bonne qualité destiné à parer l’édifice en donnant à ses faces un aspect uni.
Hélas, très vite, vraisemblablement dans les années qui suivirent l’achèvement du chantier, remplissage et parement commencèrent à dégringoler, formant peu à peu les hauts terrils pierreux d’où émerge aujourd’hui la pyramide à degrés. L’analyse architectonique de ces ruines a montré que cet effondrement était dû à au moins deux facteurs.
Le premier est directement lié à l’histoire de l’édifice. Comme les architectes royaux s’étaient appliqués à lisser la pyramide à degrés parfaitement achevée, le parement calcaire de grande qualité recouvrant cette dernière n’offrait pas de prises aux blocs ajoutés pour remplir les « marches ». Mal soudés au cœur de la pyramide, ces derniers finirent par glisser d’autant plus que, composé de pierres grossièrement taillées et agencées sans soin, cette maçonnerie était elle-même d’une grande fragilité. Il est très probable que la pyramide à degrés avait été initialement commandée par le roi Houni. Mais c’est à Snefrou que nous devons la tentative malheureuse d’habiller cet édifice pour en faire une pyramide à faces lisses. Il est donc possible que la dernière demeure d’Houni ait servi à son successeur pour expérimenter à peu de frais un projet qu’il destinait à son propre tombeau.
UNE HAUTEUR JAMAIS ATTEINTE
C’est le plateau de Dahchour, situé 35 kilomètres plus au nord, qui fut choisi pour accueillir celui-ci. L’objectif initial assigné par Snefrou à ses architectes était ambitieux : il s’agissait d’édifier une pyramide à faces lisses dont la hauteur ferait presque le double de celle de Djéser à Saqqarah. Mais, pour des raisons qui nous échappent, à la moitié de la hauteur prévue, la pente des faces fut réduite par les maçons, passant de 54° à 43°.
Ce changement donna à cette construction une forme unique, qui lui vaut d’être qualifiée de « rhomboïdale » (du grec rhombos, « losange »). Malgré cette étrangeté, la première pyramide de Snefrou constitua, notamment du point de vue de la hauteur atteinte (105 mètres contre 62 mètres pour celle de Djéser à Saqqarah), un premier pas significatif. Un peu plus loin au nord-est, sur les bords du Nil, se dressait le temple associé à la pyramide.
LA FORME PARFAITE EST TROUVÉE
Est-ce la bizarrerie de la forme de la pyramide rhomboïdale qui poussa Snefrou à commander la construction d’un autre tombeau ? La question est, dans l’état actuel de nos connaissances, impossible à trancher. Quoi qu’il en soit, le cahier des charges vraisemblablement imposé par le roi ne facilita pas la tâche des architectes royaux.
En donnant à la nouvelle pyramide une base de 220 mètres de côté, soit 76 mètres de plus que celle de Meidoum, le roi ajoutait une difficulté supplémentaire en compliquant leurs calculs. Construire une pyramide à faces lisses implique en effet d’établir de façon très précise l’angle des faces de manière que celles-ci se recoupent parfaitement au sommet de l’édifice.
C’est en puisant dans ce que leurs échecs précédents leur avaient appris que les architectes royaux parvinrent à leurs fins. Non seulement la forme de la pyramide était enfin parfaite, mais, à l’exception de la chute du parement de calcaire blanc qui dévoila les pierres rouges employées pour bâtir les pentes, l’édifice est toujours debout et constitue la plus ancienne pyramide à pentes lisses d’Égypte. C’est donc à Snefrou que nous devons cette réussite, dont les résultats furent repris et magnifiés par ses successeurs immédiats : Kheops, Khephren et Mykérinos.
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