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Photo du rédacteurStéphanie S.

La « Tête bleue » du Musée du Louvre était un faux intégral !



Elle était la fierté du département des antiquités égyptiennes du Louvre.

Inscrite sur la liste des chefs-d'œuvre du musée, reproduite en pleine page dans tous les catalogues, longuement commentée par d'éminents spécialistes.


En 1923, cette sculpture, presque grandeur nature, dans un beau verre bleuté, est proposée au Louvre par un antiquaire de bonne réputation, Feuardent, qui trois ans plus tôt avait vendu au musée la grande statue du Dieu Amon protégeant Toutankhamon, toujours exposée dans les salles.

Depuis 1922, on était en pleine « toutankhamonmania » avec la fabuleuse découverte du tombeau inviolé du jeune pharaon que les égyptologues Carter et Carnavon venaient de faire dans la Vallée des Rois.

La « Tête bleue » datait, comme la tombe de Toutankhamon, de la XVIIIe dynastie : elle souleva aussitôt un immense enthousiasme auprès des autorités du Louvre, qui votèrent l'acquisition pour la somme, impressionnante à l'époque, de 180 000 francs, mais, plaidèrent-ils : «la perfection de l'exécution et la beauté de la matière font de cet objet l'un des plus précieux enrichissements du département de l'art égyptien du Louvre». Plus discrètement, ces spécialistes faisaient remarquer en souriant que la « Tête bleue » était bien supérieure à tout ce qui avait été trouvé dans le tombeau de Toutankhamon ! En revanche, personne ne s'étonna que cette tête ait été trouvée chez un antiquaire parisien au moment même où, en Egypte, on découvrait le tombeau dans la Vallée des Rois. C'était pourtant une bien curieuse coïncidence.

En attendant, la « Tête » était exposée dans les salles du Louvre, trônant seule dans sa vitrine devant laquelle tout Paris défila aussitôt pour l'admirer. Et pendant trois quarts de siècle, son succès ne se démentit pas.


Pourtant, dès le début du XXe siècle, les premiers soupçons se firent entendre : la perruque de la « Tête bleue » ne ressemblait décidément pas à une coiffure royale de l'ancienne Egypte, mais plutôt à celle des danseuses et des comédiennes des années 20, avec leur frange et leurs cheveux courts. Plus qu'un air égyptien, elle avait un look Art déco. Malgré ces bémols, la « Tête bleue » trônait toujours en majesté pour l'ouverture du Grand Louvre en 1997. Ce n'est qu'en 2001 qu'il fut enfin décidé d'envoyer la « Tête » au très sérieux Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) pour un examen approfondi.

La conclusion fut sans appel : conçue dans un style égyptien, mais dans un matériau et avec des techniques modernes, la « Tête » était un faux intégral ! C'était bel et bien une pièce moderne, réalisée entre 1920 et 1923.


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