"A Thônis-Héracléion, dans le secret du grand temple d’Amon Gereb, le prêtre fabrique une statuette d’une coudée, c’est-à-dire de 52,5 centimètres.
Cet “Osiris végétant” est fait de limon du Nil mêlé à des grains d’orge. La matière est recueillie dans deux demi-moules en or, puis arrosée d’eau sacrée dans un bassin de pierre. Au bout de onze jours, l’orge germe.
Les parties de la statuette sont réunies, puis recouvertes de bandelettes de lin sacré. L’Osiris végétant est porté jusqu’au sommet du temple, sur un socle d’or, pour l’ensoleiller.
Il entame alors une procession nautique sur une barque tout autour du temple, dans la liesse populaire. Pendant ce temps, le prêtre façonne un “Osiris-Sokar” en forme d’œuf, à partir de pierres semi-précieuses pilées, d’onguents et de parfums. L’œuf doit rester sept jours dans un vase d’argent, posé sur les genoux de la déesse Mout.
De nouveau, la matière est réunie dans le moule d’or, puis momifiée et ensoleillée. Ces deux effigies d’Osiris sont ensuite placées dans des sarcophages de sycomore pour être transportées dans le tombeau supérieur du temple.
Le prêtre doit alors retirer les deux statuettes des années précédentes pour les remplacer par les nouvelles. Durant les quelques secondes d’échange, le dieu n’est plus là. Un moment de grand danger pour l’Egypte ! Il y a donc dans le temple de nombreux sacrifices d’animaux séthiens – antilope, âne… – pour conjurer le mal.
Enfin, Osiris, régénéré, navigue sur une barque vers le couchant du temple d’Amon Gereb, jusqu’à son sanctuaire de Canope. Ainsi le monde est-il maintenu grâce au processus de création sans cesse renouvelé." Franck Goddio pour Paris Match.
Dans un sarcophage peint, l'effigie d'un "Osiris végétant", une statuette réalisée avec du limon et de l'orge avant d'être momifiée. VIIIe -VIIe av-JC.
Photo Christoph Gerigk@Franck Goddio/Hilti Foundation
Comentários