Comme la plupart des divinités égyptiennes, l’apparence de Sekhmet est hybride : à la fois humaine et animale. Une tête de lionne, effrayante, domine un corps de femme d’une grande beauté : taille svelte, seins rebondis, nombril que l’on devine sous le tissu d’une robe le plus souvent moulante. Les images de la déesse offrent une curieuse association entre la sensualité des formes féminines et la terrifiante gueule du fauve.
Les Egyptiens, en bons observateurs de la faune qui les entourait, avaient attribué à la déesse la fureur de la mère des fauves, toujours prête à combattre pour protéger ses petits. Quand Sekhmet se met en colère, gare à ceux qui se trouvent sur sa route !
Elle détruit tout et s’abreuve du sang de ses ennemis, les hommes qui se sont révoltés contre son père. Les textes égyptiens la présentent en effet à la fois comme la fille du dieu Soleil, Rê, et comme l’incarnation de l’œil de ce dernier. Déesse guerrière, elle se bat seule ou bien accompagnée de son armée de génies porteurs de flèches et de couteaux.
Son nom lui va à merveille : il signifie « la Puissante ». Elle est surnommée « Œil de Rê » car elle fut spécialement créée par Rê pour réprimer les hommes qui s’étaient révoltés contre lui, comme le rappelle le livre égyptien appelé Livre de la vache céleste dont le texte a été gravé sur les parois de plusieurs tombeaux de la Vallée des rois.
Envoyée sur Terre, la déesse en furie se mit à massacrer les humains rebelles. Par le souffle brûlant émanant de sa gueule, elle les réduisit en cendre. Comme elle prenait goût à ce carnage, Rê dut finalement intervenir pour que la déesse n’extermine pas l’ensemble de l’humanité.
A l’image du Soleil, les pharaons font eux aussi appel à la Puissante lorsqu’ils partent en guerre. Sekhmet guide alors l’armée d’Egypte. Elle inspire au souverain sa rage de combattre et de tuer ses ennemis.
On l’a compris : Sekhmet est une déesse dangereuse. Elle terrifie les Egyptiens, car elle peut aussi se retourner contre eux. Des prêtres lui adressaient des invocations à la fin de chaque jour, de chaque mois et au cours des cinq derniers jours de l’année du calendrier égyptien, car ils croyaient que c’était à ce moment-là qu’elle se mettait le plus facilement en colère.
Or les Egyptiens craignaient plus que tout que les cycles naturels des saisons ne cessent de se renouveler. Ils avaient en effet peur que la déesse profite d’une de ces périodes charnières pour susciter des maladies et détruire le monde.
Même les pharaons la redoutaient. Sur certains bas-reliefs, comme dans le temple d’Edfou, le souverain tourne la tête en arrière lorsqu’il fait une offrande à Sekhmet. Il est incapable de soutenir son regard terrifiant. Il redoute aussi son haleine brûlante.
Statue de Sekhmet provenant du temple de Mout.
©Musée national de Copenhague.
Source : https://www.lemonde.fr
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